[Nous reprenons ici un texte écrit pour Des Communes & des Citoyens]

Les urgences écologiques et sociales concernent désormais l’ensemble de la population. Nous sommes tous interpellés par la perspective tragique de notre avenir, parce que nous sommes tous parent, frère ou sœur, voisin, ami. L’ampleur et la diversité des mouvements sociaux des dernières années en sont le témoignage marquant. La crise que nous connaissons, par sa diversité, est un facteur déterminant de la prise de conscience d’un modèle de développement à bout de souffle. Nous sentons ce besoin de redéfinir de nouveaux lendemains qui chantent.

Pour autant, beaucoup ne savent pas comment agir pour avoir prise sur le cours de l’histoire, qui semble elle toute tracée. Beaucoup d’entre nous se sentent dépassés et sans capacité d’action suffisante. Nous nous sentons enfermés dans une vie fonctionnelle qui laisse de moins en moins de place à l’engagement citoyen. Cette absence de perspective nourrit un sentiment de vide profond qui interroge le sens que nous pouvons trouver dans notre destin individuel et collectif et par conséquent de méfiance quant à la réalité de notre démocratie.

Nous devons retrouver cette dimension de notre humanité que nous avons perdue. Nous devons nourrir « l’animal politique » que nous sommes. Nous devons retrouver notre capacité à appréhender un horizon commun, et à pouvoir participer activement à sa définition et à l’atteinte de ses objectifs.

L’échéance électorale de mars 2020 offre une formidable opportunité pour réapprendre, ensemble, l’exercice d’une citoyenneté active et reprendre en main notre destin.

C’est à l’échelon le plus local et dans la plus grande proximité que nous pourrons faire l’expérience de la démocratie.

La commune a cette particularité qu’elle permet de faire correspondre sur un territoire un projet de société avec une communauté d’individus capables de s’y reconnaître et de la mettre en œuvre. La commune, et notamment, les communes rurales, de petite taille, ont cet avantage de pouvoir être le lieu d’une réappropriation de la citoyenneté et de la politique par le plus grand nombre, de l’exercice de l’intelligence collective qui construira la terreau de l’innovation territoriale qui nous permettra de construire les débuts de solutions aux enjeux planétaires auxquels nous sommes confrontés.

Bien des médias assènent l’image d’une politique communale lourde, fatigante, exigeante, parfois ennuyeuse.

Si nous reconnaissons le contexte délicat que traverse actuellement les élus locaux, pour autant nous croyons à une autre manière de faire de la politique, s’affranchissant des contraintes gestionnaires et repositionnant la parole et le rôle de l’élu à une place clairement politique. Certains le font. Ici et là s’invente à tâtons une nouvelle manière de faire de la politique, où l’élu devient davantage l’animateur des ressources citoyennes de son territoire, bénéficiant de nombreux appuis et relais et n’assumant plus seul toutes les charges de sa fonction.

Rien n’est compliqué. Tout est accessible. Et tout s’invente. A la condition que chacun s’engage désormais au niveau local, en laissant sur le bas côté les idéologies hors sol et les postures partisanes. Nous avons besoin de la naïveté ingénue du citoyen ordinaire, pour oser rompre avec les habitudes ancrée d’une pensée politique en manque de sens, souvent trop cloisonnée et fonctionnelle, empêchant de saisir la globalité qui pourtant coule de source dans une pensée du bon sens. Grâce à vous tous, nous oserons penser différent, nous sortirons du découpage des compétences, nous oserons penser enfin un projet de société global et ambitieux. D’abord porté par des communes fortes et vivantes, portes d’entrée de notre démocratie républicaine, qui retrouvera ainsi tout son sens.

Alors, engagez vous, tel que vous êtes, et là où vous en êtes. Allez y d’autant plus si vous vous sentez éloigné de la politique car elle vous appartient. Allez simplement, sans vous faire peur, même si tout n’est pas parfait car nous aurons tout le temps ensuite d’affirmer davantage nos méthodes de travail et notre projet.

Rassemblons nous. Ne restons pas esseulés sur nos territoires. Rapprochons nous pour échanger, sur nos visions, nos méthodes, nos projets. Construisons ensemble à partir de nos territoires réappropriés ce grand chantier de réinvestissement global de notre République.

Vous qui avez déjà engagé ce travail. Vous les collectifs citoyens, vous les animateurs de réseaux sur les transitions démocratiques, sociales, écologiques, sur la résilience territoriale, sur les communs, sur le municipalisme. Vous les chercheurs engagés qui placez le fait démocratique au centre de vos études. Vous les femmes et les hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui conscients et de bonne foi, prêts à vous engager dans un travail d’ouverture et de transmission.

Rassemblons nous tous pour ouvrir une nouvelle voie politique, partant des territoires, qui seule sera capable de réhabiliter notre rôle de citoyen, de porter la diversité et l’innovation capable de répondre à la complexité des enjeux actuels et de réconcilier local et global.

Osons sur cette base solide refonder notre édifice républicain en nous réappropriant la politique à tous les étages, et porter un nouveau projet de société qui seul sera en mesure de faire barrage aux dérives de violence et d’exclusion.

L’heure avance. Il est tard. Engagez vous !

Fanny LACROIX, le 21 novembre 2019 

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